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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/87

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un formidable éclat de rire qui allait ébranler les vitres de la salle. Iégor avala l’un après l’autre deux grands verres de selbovitza, Stenka tirait les poils de sa moustache et la figure de Bogoumil avait disparu sous son shako. Un sourire béat éclairait les traits de Mlle Aurélie qui fermait les yeux pour mieux voir passer dans son imagination la silhouette majestueuse de dame Athénaïs Beaubuisson.

Stenka eut, le premier, raison de cette hilarité concentrée et s’inclinant devant Comanesco : — Eh bien ! mon garçon, dit-il, tu es plus fort que moi. Quand j’étais à Heidelberg, où j’ai fait des dissertations philosophiques avant de faire des entailles dans la peau de mes semblables, je ne suis jamais parvenu à apprivoiser mes propriétaires ; il est vrai qu’elles avaient toutes plus de trente ans et que je n’allais pas payer le terme !

— Je bois aux amours de notre ami ! fit Bogoumil en levant son verre, à Mme Athénaïs Beaubuisson !

— Boulevard Saint-Michel, continua Iégor.

— 55 ! ajouta Boris en grimaçant son invariable sourire.

Les verres suspendirent leur mouvement ascendant au niveau de l’épaule des trois officiers qui demeurèrent bouche béante : c’était bien la première fois qu’une plaisanterie de cette espèce s’échappait des lèvres minces du capitaine Vampire.

Rélia se tortillait dans son uniforme ; ne sachant que répondre, il saisit machinalement la bouteille de selbovitza qui se trouvait devant lui et se mit à boire à même.

— À propos, fit Iégor en retirant doucement la bouteille des mains de Comanesco, comment dit-on « je vous aime » en roumain ? Il m’en a failli cuire un jour