Aller au contenu

Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
341
LAI DE MILON.

nouvel époux emmena sa femme dans son château.

En revenant dans son pays, Milon réfléchissoit à son sort et à ses espérances, il ne pouvoit se défendre malgré lui d’une tristesse extrême qui ne se dissipa qu’auprès des lieux habités par son amie. Mais comment pourra-t-il lui mander son retour sans être aperçu. Il écrit une lettre, la scelle, et la confie à un cygne qu’il avoit élevé et qu’il aimoit singulièrement. La lettre cachée parmi les plumes est attaché au col de l’oiseau. Milon appelle son écuyer et le charge du message. Habille-toi sur-le-champ, puis tu te rendras au château de ma belle. Tu prendras avec toi mon cygne, et ne laisse à personne autre que toi le soin de le présenter. Suivant l’instruction qu’il avoit reçue, l’écuyer sort en emportant l’oiseau ; il arrive au château, traverse la ville, et la grande porte dont il appelle le gardien. Ami, lui dit-il, fais-moi le plaisir de m’écouter. Je suis oiseleur de mon métier, j’avois tendu mes lacs à une portée de voix