Aller au contenu

Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Colombine.

Puisqu’on ne peut avoir l’honneur de ta compagnie qu’à ce prix-là, je le veux bien ; promenons-nous. (À part, en se promenant, comme Arlequin fait de son côté.) Tout en badinant, cependant, me voilà dans la fantaisie d’être aimée de ce petit corps-là.

Arlequin, déconcerté, et se promenant de son côté.

C’est une malédiction que cet amour ; il m’a tourmenté quand j’en avais, et il me fait encore du mal à cette heure que je n’en veux point. Il faut prendre patience et faire bonne mine. (Il chante.)


Colombine, l’arrêtant.

Mais vraiment, tu as la voix belle. Sais-tu la musique ?

Arlequin, s’arrêtant aussi.

Oui, je commence à lire les paroles.

(Il chante de nouveau.)
Colombine, continuant de se promener.

Peste soit du petit coquin ! Sérieusement, je crois qu’il me pique.

Arlequin.

Elle me regarde ; elle voit bien que je fais semblant de ne pas songer à elle.

Colombine.

Arlequin ?

Arlequin.

Hum !

Colombine.

Je commence à me lasser de la promenade.

Arlequin.

Cela se peut bien.

Colombine.

Comment te va le cœur ?