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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/125

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Colombine.

Je n’ai pas le temps, monsieur Arlequin.

Arlequin.

Eh ! allons donc, faut-il avoir des manières comme cela avec moi ? Vous me traitez de monsieur ; cela est-il honnête ?

Colombine.

Très honnête : mais vous m’amusez ; laissez-moi. Que voulez-vous que je fasse ici !

Arlequin.

Me dire comment je me porte, par exemple ; me faire de petites questions : Arlequin par-ci, Arlequin par-là ; me demander, comme tantôt, si je vous aime ; que sait-on ? peut-être je vous répondrai qu’oui.

Colombine.

Oh ! je ne m’y fie plus.

Arlequin.

Si fait, si fait ; fiez-vous-y pour voir.

Colombine.

Non ; vous haïssez trop les femmes.

Arlequin.

Cela m’a passé ; je leur pardonne.

Colombine.

Et moi, à compter d’aujourd’hui, je me brouille avec les hommes. Dans un an ou deux, je me raccommoderai peut-être avec ces nigauds-là.

Arlequin.

Il faudra donc que je me tienne pendant ce temps-là les bras croisés à vous voir venir, moi ?

Colombine.

Voyez-moi venir dans la posture qu’il vous