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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/135

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La Comtesse.

Après tout, aurais-tu raison ? Est-ce que j’aimerais ?

Colombine.

Je crois qu’oui ; mais d’où vient vous faire un si grand monstre de cela ? Eh bien ! vous aimez ; voilà qui est bien rare !

La Comtesse.

Non, je n’aime point encore.

Colombine.

Vous avez l’équivalent de cela.

La Comtesse.

Quoi ! je pourrais tomber dans ces malheureuses situations, si pleines de troubles, d’inquiétudes, de chagrins ; moi, moi ! Non ! Colombine, cela n’est pas fait encore ; je serais au désespoir. Quand je suis venue ici triste, tu me demandais ce que j’avais ; ah ! Colombine, c’était un pressentiment du malheur qui devait m’arriver.

Colombine.

Voici Arlequin qui vient à nous, renfermez vos regrets.



Scène III

LA COMTESSE, ARLEQUIN, COLOMBINE.
Arlequin.

Madame, mon maître m’a dit que vous aviez perdu une boîte de portrait ; je sais un homme qui l’a trouvée. De quelle couleur est-elle ? Combien y-a-t-il de diamants ? Sont-ils gros ou petits ?

Colombine.

Montre, nigaud ; te méfies-tu de madame ? Tu fais là d’impertinentes questions.