Aller au contenu

Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cela nous avertit d’un prodige ; n’allons pas plus loin.

Le Prince.

Et c’est ce prodige qui augmente encore l’amour que j’ai conçu pour elle.

Flaminia, en riant.

Eh ! seigneur, ne l’écoutez pas avec son prodige ; cela est bon dans un conte de fée. Je connais mon sexe ; il n’a rien de prodigieux que sa coquetterie. Du côté de l’ambition, Silvia n’est point en prise ; mais elle a un cœur, et par conséquent de la vanité ; avec cela, je saurai bien la ranger à son devoir de femme. Est-on allé chercher Arlequin ?

Trivelin.

Oui ; je l’attends.

Le Prince.

Je vous avoue, Flaminia, que nous risquons beaucoup à lui montrer son amant ; sa tendresse pour lui n’en deviendra que plus forte.

Trivelin.

Oui ; mais, si elle ne le voit, l’esprit lui tournera ; j’en ai sa parole.

Flaminia.

Seigneur, je vous ai déjà dit qu’Arlequin nous était nécessaire.

Le Prince.

Oui, qu’on l’arrête autant qu’on pourra. Vous pouvez lui promettre que je le comblerai de biens et de faveurs, s’il veut en épouser une autre que sa maîtresse.

Trivelin.

Il n’y a qu’à réduire ce drôle-là, s’il ne veut pas.

Le Prince.

Non ; la loi, qui veut que j’épouse une de mes