Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/161

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ment relevé de saillies folles. Oh ! toutes ces petites impertinences-là sont très jolies dans une fille du monde ; il est décidé que ce sont des grâces ; le cœur des hommes est tourné comme cela, voilà qui est fini. Mais ici il faut, s’il te plaît, faire main basse sur tous ces agréments-là. Le petit homme en question ne les approuverait point ; il n’a pas le goût si fort, lui. Tiens, c’est tout comme un homme qui n’aurait jamais bu que de belle eau bien claire ; le vin ou l’eau-de-vie ne lui plairait pas.

Lisette.

Mais, à la façon dont tu arranges mes agréments, je ne les trouve pas si jolis que tu dis.

Flaminia.

Bon ! c’est que je les examine, moi : voilà pourquoi ils deviennent ridicules ; mais tu es en sûreté de la part des hommes.

Lisette.

Que mettrai-je donc à la place de ces impertinences que j’ai ?

Flaminia.

Rien ; tu laisseras aller tes regards comme ils iraient si ta coquetterie les laissait en repos ; ta tête comme elle se tiendrait, si tu ne songeais pas à lui donner des airs évaporés ; et ta contenance tout comme elle est quand personne ne te regarde. Pour essayer, donne-moi quelque échantillon de ton savoir-faire. Regarde-moi d’un air ingénu.

Lisette.

Tiens, ce regard-là est-il bon ?

Flaminia.

Hum ! il a encore besoin de quelque correction.