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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/178

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ai promis que vous le seriez ; que je vous tiendrai parole, et que de tout ce que je vous dis là je ne vous rabattrais pas la valeur d’un mot. Oh ! vous ne me connaissez pas. Quoi ! seigneur, Arlequin et Silvia me résisteraient ! Je ne gouvernerais pas deux cœurs de cette espèce-là ! moi qui l’ai entrepris, moi qui suis opiniâtre, moi qui suis femme ! c’est tout dire. Et moi, j’irais me cacher ! Mon sexe me renoncerait, seigneur, vous pouvez en toute sûreté ordonner les apprêts de votre mariage, vous arranger pour cela ; je vous garantis aimé, je vous garantis marié ; Silvia va vous donner son cœur, ensuite sa main ; je l’entends d’ici vous dire : « Je vous aime » ; je vois vos noces, elles se font ; Arlequin m’épouse, vous nous honorez de vos bienfaits ; et voilà qui est fini.

Lisette.

Tout est fini ? Rien n’est commencé.

Flaminia.

Tais-toi, esprit court.

Le Prince.

Vous m’encouragez à espérer ; mais je vous avoue que je ne vois d’apparence à rien.

Flaminia.

Je les ferai bien venir, ces apparences ; j’ai de bons moyens pour cela. Je vais commencer par aller chercher Silvia ; il est temps qu’elle voie Arlequin.

Lisette.

Quand ils se seront vus, j’ai bien peur que tes moyens n’aillent mal.

Le Prince.

Je pense de même.