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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/219

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Silvia.

Oui, nous verrons des balivernes. Pardi ! je parlerai au prince ; il n’a pas encore osé me parler, lui, à cause que je suis trop fâchée ; mais je lui ferai dire qu’il s’enhardisse, seulement pour voir.

Lisette.

Adieu, mademoiselle ; chacune de nous fera ce qu’elle pourra. J’ai satisfait à ce qu’on exigeait de moi à votre égard, et je vous prie d’oublier tout ce qui s’est passé entre nous.

Silvia.

Marchez, marchez, je ne sais pas seulement si vous êtes au monde.



Scène XI

SILVIA, FLAMINIA.
Flaminia.

Qu’avez-vous, Silvia ? Vous êtes bien émue ?

Silvia.

J’ai… que je suis en colère. Cette impertinente femme de tantôt est venue pour me demander pardon ; et sans faire semblant de rien, voyez la méchanceté, elle m’a encore fâchée, m’a dit que c’était à ma laideur qu’on se rendait ; qu’elle était plus agréable, plus adroite que moi ; qu’elle ferait bien passer l’amour du prince ; qu’elle allait travailler pour cela ; que je verrai… pati, pata ; que sais-je, moi, tout ce qu’elle a mis en avant contre mon visage ! Est-ce que je n’ai pas raison d’être piquée ?

Flaminia.

Écoutez ; si vous ne faites taire tous ces gens-là, il faut vous cacher pour toute votre vie.