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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/254

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toujours le consoler de la peine qu’on lui fait ; dame ! cela lasse ; il vaut mieux ne lui en plus faire.

Flaminia.

Oh ! vous allez le charmer ; il mourra de joie.

Silvia.

Il mourrait de tristesse, et c’est encore pis.

Flaminia.

Il n’y a pas de comparaison.

Silvia.

Je l’attends ; nous avons été plus de deux heures ensemble, et il va revenir avec moi quand le prince me parlera. Cependant j’ai peur qu’Arlequin ne s’afflige trop ; qu’en dites-vous ? Mais ne me rendez pas scrupuleuse.

Flaminia.

Ne vous inquiétez pas ; on trouvera aisément moyen de l’apaiser.

Silvia.

De l’apaiser ! Diantre ! il est donc bien facile de m’oublier, à ce compte ? Est-ce qu’il a fait quelque maîtresse, ici ?

Flaminia.

Lui, vous oublier ? J’aurais donc perdu l’esprit si je vous le disais. Vous serez trop heureuse s’il ne se désespère pas.

Silvia.

Vous avez bien affaire de me dire cela ! Vous êtes cause que je redeviens incertaine, avec votre désespoir.

Flaminia.

Et s’il ne vous aime plus, que diriez-vous ?

Silvia.

S’il ne m’aime plus ?… vous n’avez qu’à garder votre nouvelle.