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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/269

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Scène III

LISETTE, LUBIN.
Lisette.

La voilà qui soupire, et c’est toi qui en es cause, butor que tu es ; nous avons bien affaire de tes pleurs.

Lubin.

Ceux qui n’en veulent pas n’ont qu’à les laisser ; ils ont fait plaisir à madame, et monsieur le chevalier l’accommodera bien autrement, car il soupire encore bien mieux que moi.

Lisette.

Qu’il s’en garde bien : dis-lui de cacher sa douleur, je ne t’arrête que pour cela ; ma maîtresse n’en a déjà que trop, et je veux tâcher de l’en guérir : entends-tu ?

Lubin.

Pardi, tu cries assez haut.

Lisette.

Tu es bien brusque. Et de quoi pleurez-vous donc tous deux, peut-on le savoir ?

Lubin.

Ma foi, de rien : moi, je pleure parce que je le veux bien, car si je voulais, je serais gaillard.

Lisette.

Le plaisant garçon !

Lubin.

Oui, mon maître soupire parce qu’il a perdu une maîtresse ; et comme je suis le meilleur cœur du monde, moi, je me suis mis à faire comme lui pour