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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/28

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chante humeur. (Voyant Arlequin.) Mais qui est-ce qui vient là ? Ah ! mon Dieu ! le beau garçon !

Arlequin entre en jouant au volant ; il vient de cette façon jusqu’aux pieds de Silvia ; là, en jouant, il laisse tomber le volant, et, en se baissant pour le ramasser, il voit Silvia. Il demeure étonné et courbé ; petit à petit et par secousses, il se redresse le corps. Quand il s’est entièrement redressé, il la regarde ; elle, honteuse, feint de se retirer ; dans son embarras, il l’arrête, et dit :

Vous êtes bien pressée !

Silvia.

Je me retire, car je ne vous connais pas.

Arlequin.

Vous ne me connaissez pas ! tant pis ; faisons connaissance, voulez-vous ?

Silvia, encore honteuse.

Je le veux bien.

Arlequin, en riant.

Que vous êtes jolie !

Silvia.

Vous êtes bien obligeant.

Arlequin.

Oh ! point ; je dis la vérité.

Silvia, en riant un peu à son tour.

Vous êtes bien joli aussi, vous.

Arlequin.

Tant mieux ! Où demeurez-vous ? Je vous irai voir.