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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/332

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t’en ferai aussi bien qu’un autre. Gageons un petit baiser que je t’en donne une douzaine.

Lisette.

Je gagerai quand nous serons mariés, parce que je serai bien aise de perdre.

Lubin.

Bon ! quand nous serons mariés, j’aurai toujours gagné sans faire de gageure.

Lisette.

Paix ! j’entends quelqu’un qui vient ; je crois que c’est monsieur le comte : madame m’a chargé d’un compliment pour lui, qui ne le réjouira pas.



Scène IV

LE COMTE, LISETTE, LUBIN.
Le Comte, d’un air ému.

Bonjour, Lisette ; je viens de rencontrer Hortensius, qui m’a dit des choses bien singulières. La marquise le renvoie, à ce qu’il dit, parce qu’elle aime le chevalier, et qu’elle l’épouse. Cela est-il vrai ? Je vous prie de m’instruire…

Lisette.

Mais, monsieur le comte, je ne crois pas que cela soit, et je n’y vois pas encore d’apparence. Hortensius lui déplaît, elle le congédie ; voilà tout ce que j’en puis dire.

Le Comte, à Lubin.

Et toi, n’en sais-tu pas davantage ?

Lubin.

Non, monsieur le comte, je ne sais que mon amour pour Lisette : voilà toutes mes nouvelles.