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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/398

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Dorante.

Il est donc bien vrai que tu ne me hais, ni ne m’aimes, ni ne m’aimeras ?

Silvia.

Sans difficulté.

Dorante.

Sans difficulté ! Qu’ai-je donc de si affreux ?

Silvia.

Rien ; ce n’est pas là ce qui te nuit.

Dorante.

Eh bien ! chère Lisette, dis-le-moi cent fois, que tu ne m’aimeras point.

Silvia.

Oh ! je te l’ai assez dit ; tâche de me croire.

Dorante.

Il faut que je croie ! Désespère une passion dangereuse, sauve-moi des effets que j’en crains ; tu ne me hais, ni ne m’aimes, ni ne m’aimeras ; accable mon cœur de cette certitude-là. J’agis de bonne foi, donne-moi du secours contre moi-même ; il m’est nécessaire, je te le demande à genoux.

(Il se jette à genoux. Dans ce moment, M. Orgon et Mario entrent et ne disent mot.)



Scène X

MONSIEUR ORGON, MARIO, SILVIA, DORANTE.
Silvia.

Ah ! nous y voilà ! il ne manquait plus que cette façon-là à mon aventure. Que je suis malheureuse !