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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/503

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Lisette.

Oh ! de très fortes, monsieur ; il faut en convenir, la fidélité n’est bonne à rien ; c’est mal fait d’en avoir. De beaux yeux ne servent pas à grand’chose ; un seul homme en profite ; tous les autres sont morts. Il ne faut tromper personne ; avec cela on est enterrée, l’amour-propre n’a point sa part ; c’est comme si on avait cent ans. Ce n’est pas qu’on ne vous estime ; mais l’ennui s’y met. Il vaudrait autant être vieille ; et cela vous fait tort.

Dorante.

Quel étrange discours me tiens-tu là ?

Arlequin.

Je n’ai jamais vu de paroles de si mauvaise mine.

Dorante.

Explique-toi donc.

Lisette.

Quoi ! vous ne m’entendez pas ? Eh bien ! monsieur, on vous distingue.

Dorante.

Veux-tu dire qu’on m’aime ?

Lisette.

Eh ! non. Cela peut y conduire, mais cela n’y est pas.

Dorante.

Je n’y conçois rien. Aime-t-on le chevalier ?

Lisette.

C’est un fort aimable homme.

Dorante.

Et moi, Lisette ?

Lisette.

Vous étiez fort aimable aussi. M’entendez-vous à cette heure ?