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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/533

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Dorante.

C’est moi qui, par hasard, en croyant l’aborder, me suis servi de ce terme-là, sans savoir pourquoi.

La Comtesse.

Par hasard ! Pour un homme d’esprit, vous vous tirez mal d’affaire, Dorante ; car il y a quelque mystère là-dessous.

Dorante.

Je vois bien que je ne réussirais pas à vous persuader le contraire, madame ; parlons d’autre chose. À propos de curiosité, y a-t-il longtemps que vous n’avez reçu de lettres de Paris ? La marquise en attend ; elle aime les nouvelles ; et je suis sûr que ses amis ne les lui épargneront pas, s’il y en a.

La Comtesse.

Votre embarras me fait pitié.

Dorante.

Quoi ! madame, vous revenez encore à cette bagatelle-là !

La Comtesse.

Je m’imaginais pourtant avoir plus de pouvoir sur vous.

Dorante.

Vous en aurez toujours beaucoup, madame ; et si celui que vous y aviez est un peu diminué, ce n’est pas ma faute. Je me sauve pourtant, dans la crainte de céder à celui qui vous reste. (Il sort.)

La Comtesse.

Je ne reconnais point Dorante à cette sortie-là.