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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/540

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Le Chevalier.

Cette grimace est importante.

Frontin.

Item, c’est qu’en ouvrant sa tabatière, il n’a pris son tabac qu’avec deux doigts tremblants. Il est vrai aussi que sa bouche a ri, mais de mauvaise grâce ; le reste du visage n’en était pas, il allait à part.

La Comtesse.

C’est que le cœur ne riait pas.

Le Chevalier.

Jé mé rends. Il soupire, il régardé dé travers, et ma noce récule. Pesté du faquin, qui réjetté madame dans uné passion qui sera funeste à mon bonheur !

La Comtesse.

Point du tout, ne vous alarmez point ; Dorante s’est trop mal conduit pour mériter des égards… Mais ne vois-je pas la marquise qui vient ici ?

Frontin.

Elle-même.

La Comtesse.

Je la connais ; je gagerais qu’elle vient finement, à son ordinaire, m’insinuer qu’ils s’aiment, Dorante et elle. Écoutons.



Scène VIII

LA COMTESSE, LA MARQUISE, FRONTIN, LE CHEVALIER.
La Marquise.

Pardon, comtesse, si j’interromps un entretien sans doute intéressant ; mais je ne fais que passer.