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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/545

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Lisette.

Non, monsieur. Je le croyais, tandis qu’Arlequin m’aimait ; mais je vois que je me suis trompée, depuis qu’il me refuse.

Le Chevalier.

Qué répondre à cé cœur dé femme ?

La Comtesse.

Et moi, je trouve que ce cœur de femme a raison, et ne mérite pas votre réflexion satirique. Un homme qui l’aimait lui dit qu’il ne l’aime plus ; cela n’est pas agréable, et elle en est touchée avec raison. Je reconnais notre cœur au sien ; ce serait le vôtre, ce serait le mien en pareil cas. Allez, vous autres ; retirez-vous, et laissez-moi faire.

Blaise.

J’en avons charché querelle à monsieur Dorante et à sa marquise de cette affaire.

La Comtesse.

Reposez-vous sur moi. Voici Dorante ; je vais lui en parler tout à l’heure.



Scène XI

DORANTE, LA COMTESSE, LE CHEVALIER.
La Comtesse.

Venez, Dorante, et avant toute autre chose, parlons un peu de la marquise.

Dorante.

De tout mon cœur, madame.

La Comtesse.

Dites-moi donc de tout votre cœur de quoi elle s’avise aujourd’hui ?