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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/547

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Le Chevalier.

La réponse mé persuade ; jé les crois sans malice. Qué sur cé point la paix sé fasse entre les puissances, et qué les subalternes sé débattent.

La Comtesse.

Laissez-nous, monsieur le chevalier ; vous direz votre sentiment quand on vous le demandera. Dorante, qu’il ne soit plus question de cette petite intrigue-là, je vous prie ; car elle me déplaît. Je me flatte que c’est assez vous dire.

Dorante.

Attendez, madame ; appelons quelqu’un ; mon valet est peut-être là… Arlequin !

La Comtesse.

Quel est votre dessein ?

Dorante.

La marquise n’est pas loin ; il n’y a qu’à la prier de votre part de venir ici ; vous lui en parlerez.

La Comtesse.

La marquise ! Eh ! qu’ai-je besoin d’elle ? Est-il nécessaire que vous la consultiez là-dessus ? Qu’elle approuve ou non, c’est vous à qui je parle ; vous à qui je dis que je veux qu’il n’en soit rien ; que je le veux, Dorante, sans m’embarrasser de ce qu’elle en pense.

Dorante.

Oui ; mais, madame, observez qu’il faut que je m’en embarrasse, moi ; je ne saurais en décider sans elle. Y aurait-il rien de plus malhonnête, que d’obliger mon valet à refuser une grâce qu’elle lui fait et qu’il a acceptée ? Je suis bien éloigné de ce procédé-là avec elle.