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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/90

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tant qu’il vous plaira ; mon amour n’est point jaloux.

La Comtesse, embarrassée.

Messieurs, j’entends volontiers raillerie ; mais cessons pourtant.

Le Baron.

Vous montrez là certaine impatience qui pourra venir à bien ; faisons-la profiter par un petit tour de cercle.

(Il l’enferme aussi.)
La Comtesse, sortant du cercle.

Laissez-moi ; qu’est-ce que cela signifie, baron ? Ne lisez jamais l’histoire, puisqu’elle ne vous apprend que des polissonneries.

Le Baron.

Je vous demande pardon ; mais vous aimerez, s’il vous plaît, madame. Lélio est mon ami, et je ne veux point lui donner de maîtresse insensible.

La Comtesse, sérieusement.

Cherchez-lui donc une maîtresse ailleurs ; car il trouverait fort mal son compte ici.

Lélio.

Madame, je sais le peu que je vaux ; on peut se dispenser de me l’apprendre. Après tout, votre antipathie ne me fait point trembler.

Le Baron.

Bon ! voilà de l’amour qui prélude par du dépit.

La Comtesse, à Lélio.

Vous seriez fort à plaindre, monsieur, si mes sentiments ne vous étaient indifférents.

Le Baron.

Ah ! le beau duo ! Vous ne savez pas encore combien il est tendre.