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Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/149

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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

lavoir, se renversent dans le miroir liquide du fleuve. C’est un coin de Venise, élargi, amplifié jusqu’à l’évanouissement insaisissable des détails. De l’autre côté, on distingue une foule, ou plutôt des groupes, nombreux, comme des îlots sur une mer. Le bruit des voix, pareil à celui des vagues, complète l’illusion. Les larges baies du rez-de-chaussée sont illuminées ; à travers les glaces sans tain on aperçoit les tentures rouges, les lustres de cristal.

— Dieu merci, dit quelqu’un, il n’est pas passé par mer. On l’aurait noyé !

L’imprécision de ce on me laisse rêveuse, Qui représente-t-il ? Pas Guillaume. Le retour de Lénine en Russie lui était bien trop précieux, ainsi qu’il l’a montré en lui accordant le passage… Il avait fondé trop d’espérances sur ce retour. Je préfère ne pas pousser ma recherche.

On bavarde beaucoup dans les groupes, on discute… Pourtant on n’en est pas encore arrivé aux coups.

— Camarades, je suis bolché-wiki, crie un grand diable à casquette et sans linge, et voilà je dis : Tous les travailleurs doivent être avec Lénine et penser comme lui.