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LA RÉVOLUTION RUSSE

baltiques, de l’autre côté du pont. Les révolutionnaires y ont mis le feu après en avoir ouvert les portes aux prisonniers. Le Christ qui s’en va, là-bas, porté par les femmes en châle sombre, comme pour une mise au tombeau, est celui de la prison. La phrase évangélique me revient en mémoire : « Le voile du temple se déchira, la terre trembla, les pierres se fendirent, des morts sortirent de leur tombeau ! » Alors, comme aujourd’hui, un monde nouveau naissait de l’ancien. Les clameurs, le bouleversement, l’épouvante n’étaient pas moindres dans Jérusalem !

5 heures. — Mon ami, M. Jacques Kaplan, téléphone. À la Serguiewskaïa (rue Serge), qu’il habite, la police a placé des mitrailleuses sur l’église, on tire de la rue et des toits, on perquisitionne dans les maisons. Les révolutionnaires ont pillé plusieurs caves et s’enivrent à qui mieux mieux. Heureusement ces pillages sont peu nombreux par rapport au nombre total des révolutionnaires et à l’immense étendue de la ville. Combien nous