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Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/94

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LA RÉVOLUTION RUSSE

Jusqu’à présent, et sauf le comte Frédériks, il ne paraît pas qu’aucun Allemand de Pétrograd ou d’ailleurs ait été molesté en rien.

— Comment se fait-il, demandais-je il y a quelques jours, en citant le nom d’un des marchands de fleurs les plus courus de la Capitale, que cet homme dont nul n’ignore l’origine allemande, puisse continuer ostensiblement son commerce ?

— Mais, c’est le fournisseur du comte Frédériks, me répondit mon interlocuteur, comme si cela coupait court à toutes les objections !…


Nous avons ramené Béboussy à la maison et, après le déjeuner, je reprends ma promenade en compagnie de M. Michel.

Sur la place d’Isaac, grande affluence autour d’Astoria, hier encore le plus luxueux, le plus bruyant, le plus select hôtel de Pétrograd, réduit maintenant au silence et à la désolation. Sa façade plate, sa lourde architecture germanique, ses glaces extérieures brisées, forment un sinistre pendant aux fenêtres aveuglées de planches, au fronton découronné de l’ambassade d’Allemagne qui