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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/183

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députés, a passé la journée d’hier à la préfecture de Versailles avec M. Laîné, frère du ministre de l’intérieur.

Après le déjeuner, on proposa une promenade dans le parc. M. Ravez offrit son bras à Mlle des Touches et nous suivîmes. En descendant une des allées latérales du Tapis-Vert, le président de la Chambre s’arrêta tout à coup en s’écriant : « Ah ! mon Dieu, je suis pris par un accès de goutte des plus violents ! » Il remit Mlle Stéphanie à son père, et jetant les yeux sur moi, il me dit : « Surgat junior ! Venez, jeune homme, venez me prêter le secours de votre bras, sur lequel je pourrai m’appuyer avec sécurité. » Me voilà donc l’Antigone mâle de M. Ravez.

Nous retournâmes péniblement sur nos pas pour regagner la préfecture : mais, au moment où nous débouchions sur la pièce d’eau, appelée le bassin de Neptune, la grille du parc qui fait face au côté droit de ce bassin s’ouvrit avec fracas et nous vîmes paraître un peloton de gendarmes d’élite, dont les chevaux étaient couverts d’écume. C’était l’avant-garde de l’escorte de Louis XVIII, dont la calèche découverte entra une minute après dans le parc, et alla se placer au centre, en face du bassin de Neptune, qui allait être mis en jeu pour le plaisir particulier de Sa Majesté. Nous nous approchâmes de la voiture.

Dès que le roi eut aperçu M. Ravez et M. des Touches, il leur fit signe de la main de venir à lui, et grâce à l’office de béquille que je remplissais en ce