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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/187

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Les démarches actives, audacieuses même, de M. de Berthier de Sauvigny et des personnes puissantes qui agissaient de concert avec lui, éveillèrent l’attention du gouvernement, et l’opposition cavalière d’un colonel de la garde aux volontés du trône arriva bientôt aux oreilles du roi.

Plusieurs jours avant la réunion des collèges électoraux, Louis XVIII vint dîner et coucher au Petit-Trianon. Il y eut, le soir même de son arrivée, une grande réception à laquelle se trouvaient conviées les autorités civiles et militaires. Lorsque tout le monde fut réuni, le roi appela lui-même M. de Berthier et lui dit de sa voix nerveuse et stridente : « Monsieur le colonel, j’ai appris que vous vous occupiez d’élections et que vous manifestiez même, dans cette grave circonstance, des vues entièrement contraires à celles de mes ministres et par conséquent aux miennes ; si ces démarches de votre part continuent et si vous vous mêlez de choses qui doivent rester étrangères à un homme de votre métier, je vous casserai à la tête de votre régiment. » Ces paroles nettes, prononcées avec énergie, produisirent l’effet désiré.


Le baron Capelle[1], dont l’extérieur lourd, empesé,

  1. Capelle (Guillaume-Antoine-Benoît, baron), 1775-1843. Préfet du département de la Méditerranée en 1808, puis du Léman en 1810. Nommé préfet du Doubs en 1815 et conseiller d’État, il devint secrétaire général du ministre de l’intérieur en 1822, préfet de Seine-et-Oise en 1828 et entra le 19 mai 1830 dans le cabinet Polignac. Condamné à la prison perpétuelle à la suite des ordonnances, il rentra en France