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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/197

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des personnes qui s’y trouvaient réunies. Dès que le duc de Richelieu fut annoncé, le prince vint au-devant de Son Excellence, échangea quelques paroles avec elle, et quand mon protecteur m’eut présenté à Monsieur : « Vous êtes bien jeune, me dit Son Altesse Royale, mais élevé à l’école de M. le baron des Touches, ainsi que vient de me l’apprendre M. le duc de Richelieu, vous ne pouvez que faire bientôt un bon administrateur. — Monseigneur, répondis-je sans la moindre hésitation, je suis jeune, il est vrai, mais peut-on jamais avoir trop d’années à consacrer au service du Roi et de son auguste famille ? — J’approuve vos sentiments et vos bonnes dispositions, reprit le comte d’Artois, et j’aime à croire qu’ils seront durables. »

Le prince s’entretint pendant quelques instants encore avec le duc de Richelieu et nous prîmes congé de lui. J’accompagnai le président du conseil à son hôtel, place Vendôme, où je fus retenu à dîner pour le soir même. De là, je revins en toute hâte retrouver aux Tuileries M. le baron des Touches, qui me conduisit chez M. le duc d’Angoulême, dont les paroles ne vinrent pas jusqu’à moi, tant Son Altesse était pressée par ceux qui l’entouraient. Le prince, d’ailleurs, causait avec tout le monde à la fois ; il est petit, manque de physionomie et n’a pas de distinction. Son uniforme de général surtout contraste singulièrement avec sa tournure antimilitaire, et un balancement qui ne le quitte pas rappelle trop celui de certains animaux sauvages du Jardin des plantes.