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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/213

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raient sur la façon spéciale dont le roi choisissait sa tabatière[1] et sur l’ancienne liaison de Mme du Cayla avec le duc de Rovigo, je constatai que mes compagnons ne se gênaient pas pour jeter des pierres dans le jardin dont ils mangeaient les fruits.


Il y a dans notre pauvre espèce des natures qui ne se sentant aucune vocation prononcée pour tel ou tel parti, veulent, avant d’embrasser franchement une profession quelconque, tâter de chacune d’elles en particulier. Tel était le cas de mon frère Alphonse, qui avait l’esprit vif, pétulant, avec du mordant et de l’imprévu, mais se pliant difficilement à une discipline quelconque. Aussi a-t-il goûté un peu de tout. Il fut tour à tour sous-directeur de la verrerie de Bélieu qui appartenait à mon père, élève-consul, inspecteur des télégraphes, puis après sa destitution, il étudia les moulins, les forges, les tuileries, l’éclairage au gaz et partit en 1830 faire son droit à Paris. La révolution le trouva suivant les cours de l’École ; il lâcha aussitôt le Code pour le fusil et participa à l’attaque du Louvre, de la porte Saint-Denis et de la caserne de Babylone.

  1. Voici un huitain explicatif trouvé dans les papiers de l’auteur :

    Quoique toujours s’escrimant
    À lancer des propos lestes,
    Le roi, par tempérament,
    N’a soif que d’amours célestes.
    Complice de ses desseins,
    Du Cayla le favorise,
    Car Louis entre les saints
    L’a prise.