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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/23

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Un des beaux-frères d’Armand Marquiset lui a reproché son orgueil. Oui, il avait de l’orgueil, il le savait et en convenait sans honte ; oui, il avait l’orgueil de s’être créé une place honorable dans sa carrière et d’avoir conquis dans le monde une position enviée ; oui, il avait l’orgueil de sa race et de sa nationalité. Son bisaïeul cultivait lui-même ses vignes des coteaux du Doubs et nous serons toujours plus fiers, nous autres Comtois, de sortir de la hotte de Barbisier que de la cuisse de Jupiter.

Nul ne peut mieux, d’ailleurs, écrire l’existence d’un homme que cet homme lui-même, mais le point de vue auquel il faut se placer n’est pas celui choisi par Rousseau, dont le but était de dénoncer au grand jour les turpitudes de sa vie, avec cette intime conviction qu’il rendait ainsi un réel service à l’humanité. C’est là que fut son erreur. D’une part, personne heureusement n’a suivi le déplorable exemple donné par le profond écrivain ; de l’autre, l’humanité n’a rien à gagner à la découverte de ces vices dont l’auteur d’Émile se plaît à faire un si complaisant étalage. En général, on conserve le souvenir des hautes conceptions qu’un homme de génie a laissées, sans se préoccuper