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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/53

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garde impériale qui allaient entrer en ligne. Je me mis à la droite de mon régiment, et, à chaque escadron de lanciers qui passait, je criais : « Briot ! « Briot !… » — Briot, qui était lieutenant dans ce beau corps, avait pris de son côté la gauche de mon régiment dont il parcourait le front en criant à son tour : « Seguin ! Seguin !… » Il avait eu, comme on « le voit, la même pensée que moi. Arrivé à l’extrémité de notre ligne de cuirassiers, il me trouve occupé à le demander à plusieurs de ses camarades. Après avoir échangé rapidement quelques mots sur notre pays, nos parents et nos amis, Briot me serra la main avec émotion en me disant : Adieu, mon ami, ceux qui vivront ce soir seront bien heureux ! puis il rejoignit sa troupe qui reçut presque au même moment l’ordre de charger sur des carrés de régiments écossais. Dans cette première charge, Briot fut mortellement atteint. » Seguin, qui m’a raconté cette fin malheureuse d’un de nos meilleurs camarades, a été lui-même grièvement blessé peu d’heures après la mort de Briot. Une balle, qui lui a traversé le pied d’outre en outre un peu au-dessous de la cheville, l’a fait marcher aux crosses pendant plus de six mois ; sa blessure se rouvre encore de temps à autre après quarante années, et le fera souffrir jusqu’à la fin de sa vie.

J’avais encore pour collègues dans la musique du lycée mon ami Villequez, en ce moment maire de Bucey-lez-Gy et père d’un fils unique, Ferdinand, l’un