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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/70

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beaucoup. Elle nous plaignit même un peu, car, l’ai-je dit, Mlle Cuizot aimait les bêtes !

L’un des deux Thorigny, entré aux gardes d’honneur, passé plus tard aux gardes du corps, a fourni une belle carrière militaire en Afrique, d’où il est revenu lieutenant-colonel. Nommé avec ce grade au 5e régiment de chasseurs à cheval, alors en garnison à Épinal, il alla rejoindre son nouveau régiment, étant encore sous le poids d’une fièvre mal éteinte, qu’il avait rapportée des plages brûlantes de l’Afrique. Thorigny, qui ne s’écoutait jamais et qui n’aimait pas, comme il le disait lui-même, à cajoler ses bobos, a fini par être gravement atteint, et a succombé à cette fièvre tenace en 1849 ou 1850.

Son frère, qui a suivi la carrière de la magistrature, est devenu procureur général à Lyon, et ministre de l’intérieur. Aujourd’hui relégué au Sénat, dont il est un des membres les plus laborieux, il porte à ravir son élégant habit, son chapeau à plumes et son épée.

MM. de Thorigny sont d’une ancienne famille noble de Lyon. Jeunes, ils étaient tous deux remarquablement beaux et bien faits, une taille élégante et élevée, une physionomie pleine de distinction et de très bonnes manières les avaient mis fort à la mode et fort en succès. Je n’ai pas revu le colonel depuis Versailles et le sénateur est venu me serrer la main avec toute la franchise d’un vieux camarade, l’année dernière à Paris, le jour même où il venait de prêter serment à Napoléon III. Il a été très aimable et très gracieux.