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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/13

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LE CAPTIF


Vit des anges du ciel descendre en souriant :
Et, lui, maintenant sent, libre, heureuse, son âme
Monter vers l’idéal, tel que de l’orient,
Le soleil monte au ciel où son disque s’embrase.
Douce ivresse du rêve ! ô bonheur du sommeil !
C’est le repos du corps ; de l’esprit, c’est l’extase !

Lionel ne voit pas, à l’horizon vermeil,
Que mille flèches d’or de toutes parts jaillissent
Ni n’entend les oiseaux dans les bois reverdis
S’appeler par des chants où leurs cœurs se trahissent ;
Mais une aile en frôlant ses membres engourdis
Ouvre ses yeux au jour et son âme à la vie.
Il veut les refermer, les fermer à jamais
De peur que la blancheur de l’aube soit suivie
D’un réveil qui pour lui n’ait que deuil désormais.
Et pourquoi vivrait-il ? Le bonheur le renie.
Il faiblit un moment sous le poids des malheurs.
L’Homme-Dieu n’a-t-il pas dans sa longue agonie
Comme hésité devant la coupe des douleurs ?