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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/15

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LE CAPTIF


Car le gouffre des eaux n’avait pas englouti
Tous ceux qui voulaient la mort de cette victime.
Depuis longtemps leurs yeux avaient interrogé
La profonde vallée et la plus haute cime
Sans trouver Lionel par les bois protégé.
Mais enfin le voilà : quelle infernale joie !
Ils se jettent sur lui, le meurtrissent de coups :
C’est la hyène qui s’acharne sur sa proie.
Lionel cependant répond à leur courroux,
Tel qu’un chrétien le fait, par la voix du silence.

Leur colère assouvie, ils chargent de fardeaux
Son épaule sanglante, et la troupe s’élance
À travers la forêt qui suspend les rideaux
De sa sombre ramure au-dessus de leur tête.
Des rapides bruyants, ils évitent le cours
Et portent les canots sauvés de la tempête.
Quelle marche pénible avec des poids si lourds !
Pourtant la forêt vierge est bien belle, féerique
À l’œil qui n’a jamais vu pareille beauté !