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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/26

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AUX MILLE ÎLES.


De nouveau, sur le sol, aux crânes blancs, des fleurs
Font une bouche rose et des yeux de pervenche.
Comment dans cet éden le serpent des douleurs
A-t-il pu pénétrer et, sur un lit de mousse,
Des victimes jeter, épars, les ossements ?
Des mauvais esprits c’est la haine qui le pousse
Et fait entrer la mort en ces lieux si charmants !

Tout s’apprête déjà pour l’horrible supplice.
On plante le poteau, l’arbre d’Areskoui.
Où fraîche fleur, il faut que le captif pâlisse,
Alors que dans sa force il s’est épanoui.
Le cyprès en monceaux sur le chêne s’entasse
Pour dresser le bûcher : c’est le trône de feu
Qui s’élève dans l’air et de sa flamme embrasse
Le corps du prisonnier rayonnant comme un dieu.
La danse tout autour forme sa longue chaîne
Et chaque main brandit un instrument de mort ;
Chaque bouche, exhalant une infernale haine,
Annonce au condamné quel doit être son sort :