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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/69

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NIAGARA.

Qu’au fidèle jongleur le manitou confie.
Il ne peut hésiter à détourner le coup,
Et, sans plus de retard, il faut qu’il sacrifie
Ce terrible ennemi qui pénètre partout :
Ainsi des fiancés la mort fut décidée.

Le peuple ne peut plus sortir de sa stupeur
Et les pleurs de ses yeux tombent comme une ondée.
Pour lui comment douter de l’oracle trompeur ?
Il croit entendre encor la voix de ses ancêtres
Dans le bruit de la vague et le souffle du soir :
Ses dieux parlent toujours par la bouche des prêtres.
Pourtant dans bien des cœurs pénètre un vague espoir
Au milieu des sanglots, on entend : « Grâce ! grâce !
Du chef sauvez la fille, ô jongleur tout puissant !
C’est la fleur des tribus, c’est l’espoir de sa race ! »
« Pour elle, s’il le faut, esprit, prends tout mon sang ! »
Dit une vierge qui n’a pas vu quinze neiges.
« Jamais ! » répond sa voix roulant dans le lointain.