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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/75

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LE SACRIFICE.

Non ! ce n’est pas ainsi qu’un Dieu conquit la terre :
Il ne vint pas verser notre sang, mais le sien.
Et mourut sur la croix, victime volontaire.
Juge donc, par sa mort et la tienne, combien,
Ô Liola chérie, il dut aimer les âmes !
Et c’est en l’écoutant que les miens sont venus
Sur vos bords éloignés planter leurs oriflammes.
Ah ! qu’aimer dans nos corps si fragiles et nus,
Un moment colorés des rayons de l’aurore,
Mais livides bientôt, à tous, objet d’horreur ?
Oui ! comme le nuage à l’occident se dore
Et du soleil revêt l’éclatante splendeur,
Tes yeux toujours si purs, ton céleste sourire
De ton âme un instant empruntent la beauté.
Mais que sera demain cette chair que j’admire ?
Ton âme, ce rayon de la Divinité,
Seule lui survivra, radieuse, immortelle !
Voilà ce qu’en toi j’aime et plus que tout mon sang :
Et m’en séparer, dis, la mort le pourra-t-elle ? »