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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/8

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LIOLA


Les mourantes lueurs du jour qui va finir
Empourprent l’horizon ; les arbres du rivage,
Dans les flots assoupis, plongent le spectre noir
De leur ombre allongée ; à travers le nuage
Perce l’œil rayonnant de l’étoile du soir.
Protégés par la nuit, les guerriers en silence
Descendent l’Ottawa dont le trop vif courant,
Comme un coursier fougueux qui bondit et s’élance,
En mugissant se mêle aux flots du St-Laurent.
Maintenant les canots remontent le grand fleuve.
Et s’éloignent du mont où grandit la cité
Que l’héroïsme vient de sauver : quelle épreuve !
C’est là que Lionel, par la croix abrité,
A tant de fois rêvé ses beaux rêves de gloire :
Des terres pour son roi, des âmes pour son Dieu
Et pour lui-même un nom illustre dans l’Histoire !
À ces rêves si chers, il lui faut dire adieu…

L’aviron des rameurs vient d’effrayer un cygne
Qui monte vers l’azur, comme une vision ;