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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/80

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LIOLA.

Ni sa mère dont ses baisers ont bu les pleurs,
Oh ! non ! c’est Liola, l’innocente victime,
Qu’il a laissée, hier, dans les bras de la nuit.
Quelle sérénité son front candide exprime !
Qu’une pure lumière autour d’elle aussi luit !

Mais au lever du jour, d’une aurore divine,
Le sacrifice doit pour eux se consommer.
Toute à cette pensée, hélas ! elle devine,
À la main qui la touche, en s’entendant nommer,
Que tout est bien fini, que c’est l’heure fatale !…
Et comme la nature au baiser du soleil
S’éveille, éblouissante, allègre, virginale,
Aux yeux de Lionel, elle sort du sommeil
Plus que jamais aimable, et fraîche et reposée.
« Ami, c’est ta voix qui m’appelle pour mourir !
Ah ! lorsque chaque fleur s’entr’ouvre à la rosée,
Mon âme à son matin ne pourra pas fleurir !
Et plus qu’elle pourtant tu dis que je suis belle
Et plus doux que son miel est pour toi mon amour.