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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/121

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bernardines

d’étonner un peu, et elles avaient aliéné des biens de quelque valeur dans la ville et à Dardilly. En 1621, par exemple, tandis qu’elles s’occupaient de « faire du profil par leur ministère d’enseignement », elles avaient acheté partie d’une maison indivise avec le sieur Piquet, située au territoire du Peyrol ou de Saint-Clair. Mais encore l’examen de leurs comptes, à cet égard, prouve-t-il qu’elles ne faisaient que de minimes dépenses et se mettaient sans cesse en quête de « petits moyens de délai, de petits accords de bonne foi », suivant les termes qu’elles emploient. Quoi qu’il en ait été, le premier état à peu près complet du monastère est fourni par le rapport de visite dressé, le 8 août 1641, le lendemain du jour où fut signé le contrat définitif d’achat par les sieurs Rousset et Allemand, au nom du sieur Jean Perrette, marchand drapier, bourgeois de la ville, et de sa femme, Madeleine Proyard : ces experts visitèrent le tènement, maison, jardin et vigne vendus aux religieuses Bernardines, par Perrette et sa femme ; ces biens étaient situés près la maison brûlée en la montée Saint-Sébastien.

Cette expertise fait détail d’une grande maison sise tout auprès de la porte de la Croix-Rousse au bas de la montée Saint-Sébastien. « L’entrée y est par la porte du Côté de la place d’armes proche de la maison du sieur Corneille Breton. La dite porte est en pierre de taille de trois pieds et demi de tour et de six pieds de hauteur, mais le logis est de médiocres matériaux, de pierres communes et de pizé. La cour est pavée de cailloux tout à neuf. Il y a un grand puits à eau claire. On accède à la cave par le côté du soir et l’on trouve à l’entrée une rompure de couverture mais sans dommage. La voûte de cette cave est en berceau de dix-huit pieds de long et de neuf de large ; au bas de la montée, il y a deux autres portes dont l’une aussi a sa couverture rompue. Les murs et les lambrissages sont communs comme le revêtement extérieur. À l’entrée du principal corps se voient trois arcadoires dont les piliers sont de pierres de taille : l’un est au-dessus de la maçonnerie en briques donnant jour sur une galerie longue de vingt et large de dix coudées. À un angle du jardin, est ménagée la maisonnette du cordonnier. Les chambres sont assez grandes. » Le monastère, dans le document cité, n’est pas encore surnommé la Divine Providence : on ne trouve ce titre qu’en 1650, dans un devis de réparation réglé à un maître charpentier. De la chapelle, il n’est nullement question : dans une lettre datée de 1692, la mère Madeleine de La Melette se plaint de ce qu’elle soit « nue et trop étroite », plus simple et plus pauvre encore que l’exige la règle cistercienne. Bref, on se représente aisément un bâtiment uni et sans plus de symétrie que d’ornement.

Saint Bernard promet la paix aux couvents de chétive apparence. Celui de la Divine Providence tel qu’il était, connut beaucoup de contradictions et d’épreuves. Son mal originel, c’est-à-dire l’instabilité de ses finances, ne cessa pas de se prolonger : de 1652 à 1740, on ne trouve guère de documents dans ses archives, sinon de procès perpétuels, de litiges chaque année ressuscites, de difficiles rentrées de rentes, d’arriérés exagérés de pension, d’impayements de locations, et par une conséquence inéluctable, de dettes croissantes dont des communautés plus riches que la leur qui ne l’était pas du tout, ne se fussent pas préservées en semblable cas. Joignez à cela que l’emplacement qu’elles