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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/125

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carmélites

amateur de l’histoire ecclésiastique de Lyon sait que ce Charles Duon ne valait pas seulement par sa parenté, il valait par lui-même. Il fit une forte avance de quinze mille livres, prit des dispositions pour « se substituer en procès » aux religieuses. Peu à peu les pétitions de bourgeois et du peuple aidant, qui « se louaient surtout de l’utilité qu’il y avait à ne pas fermer la chapelle de la Côte-Brûlée, où l’on oyait les offices commodément, tandis que la paroisse était très loin, et d’où l’on lirait le saint viatique pour l’apporter aux malades et agonisants », les Bernardines furent regardées d’un œil plus favorable par l’archevêché et moins tracassées par les héritières présomptives.

Aussi bien, le déficit de leur budget diminuait fortement. À l’avouer sincèrement, il avait été de 1749 à 1753, malaisément réparable pour l’époque puisqu’à ces dates les revenus globaux du monastère de la Croix-Rousse se chiffraient par 3.587 livres et les charges par 22.804 livres. Dès 1767 l’écart était diminué des deux tiers. Que l’on n’imagine pas pour cela que les pauvres « semi-ressuscitées », ainsi qu’on les appela un peu cruellement, atteignissent à la prospérité, ou même à la tranquillité. Elles dissipèrent les préventions et les pires créanciers et se traînèrent jusqu’à la révolution, voilà tout.

Leur longue et variée correspondance montre, de 1769 à 1788, « un bon état provisoire », suivant les termes d’une lettre de 1771 de la mère Ferroussat et un recrutement de vocation au moins aussi noble et pieux qu’il l’avait été aux premiers jours. Elles se dispersèrent et cette fois toutes et pour toujours en avril 1790.


CARMÉLITES

Lyon, sous l’ancien régime, fut l’une des villes de France où fleurit le plus la vie religieuse. Les grands ordres s’y établirent de bonne heure, s’y déployèrent en beaucoup d’œuvres. Au xvie siècle, les institutions ou les réformes de réguliers ne furent, nulle part, mieux accueillies. Au xviie siècle, l’élan ne s’affaiblit pas : on en trouvera une nouvelle preuve dans la fondation à Lyon, à cette époque, du monastère des Carmélites déchaussées, des Thérésines comme le peuple les appela gracieusement, du nom de la rénovatrice du Carmel, la grande sainte Thérèse.

L’histoire de ce couvent a été trop minutieusement écrite déjà pour qu’on tente ici d’y rien ajouter : il suffira de la résumer. La réforme de sainte Thérèse s’étant répandue très promptement et très abondamment en France, elle ne tarda pas d’y former une puissante congrégation qui s’égala à celle d’Espagne. De 1604 à 1618, par exemple, on ne compte pas moins de dix-neuf maisons de l’ordre érigées un peu partout, dans l’Île-de-France comme en Guyenne, en Franche-Comté comme en Languedoc, en Normandie comme en Provence : celle de Lyon tient le quatorzième rang dans cette rapide chronologie.

Elle eut une origine temporelle très distinguée. On sait combien la famille de Villeroy s’unit longuement et intimement à l’histoire de notre cité. Six de ses membres furent