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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/136

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histoire des églises et chapelles de lyon

partie de ceux d’un autre bienfaiteur, M. Poculot, seigneur de Sandar et bourgeois de Lyon.

En mars de la même année, Denis Simon de Marquemont, archevêque de Lyon, accompagné de bon nombre de personnes, tant ecclésiastiques que laïques, vint planter la croix ; ce jour non écoulé, Camille de Neuville, abbé d’Ainay et plus tard archevêque de Lyon, et le marquis de Villeroy, tous deux frères de monseigneur d’Halincourt, y posèrent la pierre fondamentale avec toutes les solennités requises. On s’employa incontinent à construire le monastère : l’église fut élevée sur les fondations même du jeu de paume, car, écrit Lamure, « elles étaient si fortes et si merveilleusement bien faites, qu’on ne put jamais venir à bout de les rompre, ce qui obligea de laisser l’église beaucoup plus spacieuse qu’on ne l’aurait voulue. Dieu permettant ainsi que le lieu où il avait été si grièvement offensé fût tout entier transformé en un nouveau temple où ses louanges retentiraient jour et nuit ».

Le 11 novembre 1617, les Clarisses se transférèrent à leur nouveau monastère sous la conduite du père Fodéré. La messe fut chantée au grand autel de l’église. Celle-ci ne fut toutefois consacrée que le 22 mai 1622, par monseigneur de Marquemont. Les Pauvres Dames entrèrent alors dans une assez longue période de tranquillité matérielle et spirituelle, troublée cependant, çà et là, par des menaces de bourrasques dont la Providence dispersa, à point nommé, les approches. Elles passèrent sous la juridiction diocésaine, se gardèrent du gallicanisme et du jansénisme, grâce à d’excellents frères Mineurs qui leur donnèrent le secours de leur science ; elles furent gouvernées par des abbesses de mérite telles que les mères Bonjour, Marie-Anne de la Croix, Marie du Saint-Esprit, Alexis, cette dernière véritable réformatrice de l’esprit intérieur, dans la seconde moitié du xviiie siècle, au moment « où le relâchement gâtait au cœur les plus beaux fruits de la vie conventuelle », pour reprendre une phrase fameuse de l’abbé Proyart, témoin bien informé.

Au début de la Révolution, la chapelle des Clarisses possédait peu d’objets de valeur, si l’on s’en rapporte à l’inventaire dressé par ordre de la municipalité le 22 septembre 1792. On ne remarque en effet dans cette énumération que les objets suivants dignes d’être cités : un grand tableau, don de Louis XIV et un deuxième, don de Louis XV, tous deux placés au-dessus de l’autel, quatre autres dans le réfectoire ; dans le chœur on voyait également six grands tableaux et trois petits, enfin les chapelles de l’église possédaient des toiles dont le sujet reste ignoré, l’inventaire ayant été fait de façon vraiment trop sommaire. Probablement d’ailleurs un certain nombre de choses précieuses avaient été mises en sûreté et soustraites à cet inventaire.

Lorsqu’éclata la Révolution, non plus badine, mais sérieuse et sanglante, elles avaient pour abbesse Marie de l’Ange Gardien, fille de M. Chazelle, négociant lyonnais, laquelle les voua au Sacré Cœur de Jésus. Expulsées le 2 octobre 1792, elles se réfugièrent au quartier d’Ainay dans la maison de M. Saunier qui s’était fait, dans un honnête dessein, le visage, les allures et les propos d’un citoyen farouche ; elles y restèrent jusqu’en février 1794, — leur habile protecteur ne pouvant plus alors les défendre. Elles