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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/138

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histoire des églises et chapelles de lyon

de partages qui ne pouvaient que troubler sa paix et le mener à la ruine. Saint François d’Assise voyait et prévoyait juste, comme toujours, lorsqu’il craignait plus d’incertitudes pour ses fils et ses filles des hasards de successions d’héritage, que de la mendicité.

Le monastère de Chazeaux fut fondé, en faveur des religieuses de sainte Claire, par Luce de Baudiner, dame de Cornillon, le 19 septembre 1302. La seigneurie de Cornillon établie en haute, moyenne et basse justice, dès 1240 tout au moins, était une ample et riche terre dont Luce de Baudiner prétendit faire une belle part, soit en revenus, soit en privilèges, à ses moniales préférées auxquelles l’attachait surtout sa fille Jeanne, l’une de leurs professes les plus distinguées. On conserve la copie collationnée de cet acte de fondation passée au château de Beaurepère, devant Jacques Tanard, conseiller du duc de Bourbon et d’Auvergne, comte de Forez, frère Barthélémy de Saint-Pierre, prieur de Toutzaulx, Jean Berthos, de l’ordre des Frères-Prêcheurs, Jean Fabre, gardien des frères Mineurs d’Annecy, noble homme Athaud de Revézel, chevalier, maître Pierre du Vernet, jurisconsulte, maître Jacques Socher, notaire public de Mazaulx et Jean de Riézel, écuyer.

D’autre part, les archives de Chazeaux ont gardé la traduction par Le Moine, archiviste du chapitre métropolitain de Lyon, de toute la série de divers titres et pièces concernant la seigneurie de Cornillon et le monastère de Chazeaux, pièces importantes en ce qu’elles sont certifiées extraites du cartulaire du premier monastère. On n’en citera ici que l’attestation des droits de haute, moyenne et basse justice de la seigneurie de Cornillon, dont le château est situé dans le ressort de la sénéchaussée de Lyon, hors du bailliage de Tallanes et proche les confins et limites du même bailliage, signée Pellicier, notaire royal, la ratification de cette attestation par la dame du Cornillon, enfin le consentement par la même dame des échanges entre le prieur de Firminy et Jourand de Lauras dit Perceval, seigneur de Feugerolles, le 3 mai 1334. Cette ratification, pour claire quelle nous paraisse, n’en fut pas moins la source sans cesse jaillissante des mille et une difficultés du monastère. Les prieurs de Firminy notamment ne se lassèrent pas de contester la qualité des échanges consentis par leur prédécesseur à Jourand de Lauras, prête-nom des Clarisses et de la noble fondatrice. Presque à chaque renouvellement de prieure, ils chicanaient tant sur le profit des fonds de Firminy malencontreusement cédés, que sur les litiges de juridictions chevauchantes en deux pays, que leur causaient les fonds qu’ils avaient reçus en retour.

Les curieux de procédure auraient bonne proie dans ces interminables dossiers dont la philosophie est d’ailleurs que le prieuré de Firminy s’obéra, s’altéra et que les Pauvres Dames s’appauvrirent de leur vocation jusqu’à en souhaiter une différente. Dès 1409, elles adressent au général des frères Mineurs une requête en mitigation des vœux et des règles. On sait ce que signifiaient ces euphémismes qui n’allaient pas sans apostilles suspectes de voisins désireux de confisquer pour protéger. Toutefois cette requête ne montre qu’une crise passagère. À la fin du xve siècle encore, Chazeaux-en-Forez persévérait dans une ferveur franciscaine très estimable, et si, au commencement du siècle suivant, il ne