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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/179

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visitation

trait de saint François de Sales, « déposé par la mère de Blonay en la place même où le bienheureux rendit son âme à Dieu » ; 8o un grand tableau apothéose exécuté pour les fêtes de la béatification de Jeanne de Chantal. « Ce tableau, qui représente notre digne mère prête à monter dans la gloire, où elle considère notre saint fondateur qui paraît l’y inviter, est fait par le meilleur peintre de Paris, en ce qui regarde les ouvrages de piété ; il est du choix de ma sœur Thérèse-Angélique de Tourmont, supérieure de notre deuxième monastère de Paris, rue Saint-Jacques : elle a donné tous ses soins pour que la pièce fût parfaite. » Et la circulaire du 30 août 1752 ajoute, sur cette même peinture : « La gloire et les anges de grandeur naturelle qui ornent ce tableau sont, au goût des connaisseurs, un morceau impayable ; ce tableau est du pinceau de M. Retours, en réputation à Paris, surtout pour les ouvrages de dévotion. » Plusieurs ornements, en sculpture dorée, accompagnaient, paraît-il, le fameux tableau ; on le mit définitivement au-dessus de l’autel latéral dédié aux deux fondateurs de la Visitation, après qu’il eut figuré aux fêtes de la béatification et de la canonisation de Jeanne de Chantal.

De plus, comme l’attestent les circulaires, avec des formules admiratives, l’église était, en partie, garnie de tableaux commémoratifs des guérisons obtenues par les deux saints, de têtes, de bras, de jambes de cire ; les cœurs d’or et d’argent y abondaient. Pour la sacristie qui fut longue à se pourvoir, elle eut sa revanche en chapes, chasubles, nappes, tours de chaire et tapis, enfin ornements liturgiques complets, de grand prix, dont le détail serait fastidieux. Les reliquaires et objets d’art ne le cédaient pas aux ornements, c’est-à-dire aux vêtements liturgiques et aux étoffes qui ornaient les autels et le sanctuaire. Notons-en quelques-uns : les reliques apportées de Varsovie par la mère Éléonore d’Apchon de Poncins furent enchâssées dans l’argent, l’ébène et le cristal par la générosité de la reine de Pologne ; d’autres beaux reliquaires d’or bien travaillé sont mentionnés ainsi que ceux qui renfermaient les reliques des fondateurs et le cœur d’argent contenant le cœur de chair de la mère Marie-Aimée de Blonay. En 1773, il y eut tout une nouvelle décoration de sept beaux reliquaires dont les cadres en glace et en sculpture dorée étaient montés sur des pieds de même style ; deux étaient pour les crédences du grand autel, les cinq autres pour l’autel Saint-François de Sales.

Le cœur de ce prélat fut enchâssé successivement dans cinq reliquaires différents en forme de cœur. C’étaient : 1o le cœur de plomb où il fut déposé par les religieuses après son extraction et qui plus tard servit à « mettre l’eau que les malades envoyaient sans cesse chercher dans des fioles pour en boire » ; 2o le premier cœur d’argent qui échut au monastère de la Visitation de Riom après que cette communauté eût offert à Bellecour, celui qu’elle eut d’abord et qui était de vermeil ; 3o le cœur d’or donné par Louis XIII. « Le roi, dit le manuscrit de la fondation, étant venu en cette ville de Lyon en 1630, y tomba malade à l’extrémité, d’une pleurésie : la reine Anne d’Autriche envoya chercher par un de ses aumôniers le cœur de notre saint fondateur auquel elle avait voué Sa Majesté ; le roi le baisa révéremment et lui fit plusieurs prières ; puis en reconnaissance de la santé qu’il obtint, par l’intercession de notre bienheureux père, la reine renvoya notre précieuse relique dans un cœur d’or que le roi avait donné. » La Révolution fit disparaître ce