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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/204

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histoire des églises et chapelles de lyon

leur propriété, aide-mémoire pour les feudataires. L’assemblée du 23 janvier 1708 désigna le sieur Tourton « sculpteur en pierre » pour l’exécution de ce morceau capital et on désira qu’il servît de fronton à la grande entrée. Le même artiste compléta l’ornementation par deux bas-reliefs au-dessus des portes latérales ; du même coup on régularisa et on acheva le perron ; on demanda ensuite au Père de Colonia de consacrer par une inscription lapidaire l’heureux terme d’une si longue et si coûteuse restauration. Le lettré jésuite proposa le texte suivant, qui, me semble-t-il, est encore inédit :

D. O. M.
Hæc ædes antiqua modo renovata coruscat
Sancto pontifici Justo sacrata patrono ;
Sumptibus hanc propriis minitantem pene ruinam
Nobilis hic clerus, populo mirante, refecit
Anno Domini 1711.

« Au Dieu très bon et très grand. Cette église antique a été récemment restaurée ; elle est dédiée à l’évêque Justus. Le noble clergé de l’église, aux applaudissements des fidèles, a réparé, à ses frais, la basilique qui menaçait ruine, l’an 1711. »

Un des premiers actes du vandalisme révolutionnaire fut d’abattre les armoiries du chapitre, qui ornaient le portail, elles fameuses licornes leur servant de support. Le conseil général du district ordonna de rétablir ces sculptures ; mais la municipalité déclara que le blason des ci-devant barons de Saint-Just représentait « un monument monstrueux de la féodalité » et son refus dénonça, une fois de plus, le conflit latent soulevé entre les deux assemblées, qui fut si funeste à la paix et à l’ordre public.

Cette stupide destruction avait coïncidé avec la suppression du chapitre lui-même, dissout par la loi sur la Constitution civile du clergé. La dernière délibération, dont les registres contiennent le procès-verbal, fut tenue le 22 septembre 1790 ; la déclaration des biens conformément aux décrets avait été déposée, le 20 février précédent, et, le 22 juin, on avait procédé officiellement à l’inventaire général. L’église, en cessant d’être la première des collégiales de la ville, était maintenue comme paroissiale, et on y joignait, à titre d’annexés, le sanctuaire de Notre-Dame de Fourvière et la chapelle Saint-Roch à Choulans. Le curé, David Bottin, de Normandie, installé le 26 février 1789, prêta serment afin de n’être pas congédié ; malheureusement on le vit donner le spectacle le plus scandaleux des passions jacobines, associées à des mœurs licencieuses, qui le menèrent à l’abdication de son sacerdoce et au mariage civil.

À la reprise du culte public, après la publication du Concordat, le prêtre, chargé de ressusciter et de gouverner la paroisse, fut un ex-vicaire épiscopal de Lamourette, Antoine Désiré Lemontey, lyonnais de naissance, d’un âge trop avancé et, en 1789, cordelier du couvent de Dôle en Franche-Comté. M. Claude Frangin, vicaire de la Primatiale et son futur curé, lui succéda en 1806 ; il fut à son tour remplacé par l’abbé Honoré Greppo, savant épigraphiste, correspondant de l’Institut, dont l’érudition et les œuvres recommandent la mémoire. Il appartenait à M. Jean Boue, homme de goût et de zèle, bibliophile distingué, écrivain comme son prédécesseur, d’attacher son nom aux plus impor-