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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/220

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histoire des églises et chapelles de lyon

sont cantonnés de pilastres cannelés. La nef est éclairée par des baies romanes, les croisillons reçoivent la lumière par deux rosaces, le chœur et les bas-côtés, l’un, par les ouvertures du dôme, les autres par les baies ogivales des chapelles. L’église a une longueur de quarante-cinq mètres dans œuvre, et une largeur moyenne, y compris les chapelles, de vingt-sept mètres cinquante, enfin une hauteur sous voûte de 16 mètres. Une rosace, établie en 1878, éclaire la tribune de la porte principale que surmonte une arcature à triple division.

Indiquons brièvement les restaurations : en 1648, Jérôme de Chalom étant chamarier, le chapitre ordonna de grands travaux, que rappelle une inscription latine de cette même date ; la dépense en fut de 40.000 livres. C’est alors aussi que fut construit le portail d’ordre dorique, à mi-colonnes, à fronton triangulaire, qui ne fut remplacé qu’en 1877. Il n’y avait jusque-là que moitié mal ; le mal tout entier fut accompli en 1780 par l’architecte Decrenice, mais sous la responsabilité du chapitre, du curé Charles Colomb, et du chamarier Dominique Perrichon. Chapelles, pilastres, chapiteaux, tout fut martelé puis épaissi et comme confit de plâtre ; l’église, en son ensemble, perdit sa vraie physionomie et sa vraie stature, à cette enveloppe et à cette construction que l’on osa bien appeler une manière de « reconstruction immobile. »

Les chanoines confièrent des sculptures à Chinard : en 1780, l’artiste, très jeune encore fit les quatre évangélistes, statues en pierre de huit pieds de hauteur, pour les pendentifs du dôme, en 1781, saint Paul et saint Sacerdos, statues en pierre blanche de grande dimension ; toutes ces statues furent détruites par la Révolution. En 1833, Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, écrivait sur Saint-Paul dans un rapport : « Cette église tombe en ruine, il est probable qu’on sera forcé de la démolir. » Il exagérait, mais pas trop : en 1836 on se résolut à une consolidation et à un nettoyage en règle ; les chevrons pourris par les eaux furent renouvelés : c’était bien et urgent ; les nervures de marbre de la chapelle des fonts baptismaux furent dégagées du plâtre : c’était mieux ; le sanctuaire fut orné de médaillons en demi-relief représentant Notre-Seigneur et les douze apôtres, embelli de frises, de rinceaux, de pampres courant sur un fond d’or, c’était au moins discutable. Puis on ne manqua pas d’ajouter à cet embellissement une mise au point maladroite, — pour l’honneur de l’art, disait-on.

On imagina, par exemple, de réduire à un diamètre uniforme les fenêtres de la grande nef. On laissa le sculpteur Prost, habile d’ailleurs, établir un maître-autel renaissance et Legendre-Héral ajouter à la coupole quatre évangélistes peu dignes de son talent. Il y eut toutefois un résultat à ce remaniement. Anthelme Benoît, l’architecte responsable de ces œuvres, découvrit, sous le pavé du sanctuaire, des restes de mosaïque qui ne sont pas pour confirmer l’opinion que Saint-Paul est bâti sur les ruines d’un temple de Diane.

Frédéric Benoît, de 1875 à 1877, remit à neuf le clocher et la façade ; il sera permis de réitérer ici nos réserves sur sa flèche en bois de chêne revêtue d’ardoises d’Angers ; ajoutons qu’au demeurant l’architecte eut à compter avec la parcimonie de la subvention municipale d’où il tirait ses ressources : on ne restitue pas ni on n’imite du xiie siècle moyennant six mille francs. Le portail principal de 1877, avec sa galerie à jour et sa