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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/25

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IX
INTRODUCTION

pierre comme après Barras, au fond de sa cachette de la rue Tupin, d’où il ne sortait que la nuit, aussi bien que dans la prison de Sainte-Pélagie dans la forteresse de Turin où Bonaparte l’avait interné. Un esprit moins absolu que le sien, un caractère plus conciliant, avec moins de raideur, moins de froissements, aurait-il évité d’imposer aux consciences le poids d’un joug qui parut à beaucoup n’être ni doux ni léger, selon le mot de l’Évangile ? On le murmura alors : il s’en est expliqué depuis, alléguant pour motifs de sa conduite les instructions de l’archevêque, envoyées de l’émigration, l’opinion de ses collègues conforme à la sienne, surtout l’entêtement et les ruses des curés schismatiques, appuyés par les fonctionnaires qui les protégeaient.

La tâche en effet, où les circonstances l’avaient engagé plus que son propre choix, était complexe et ardue ; il la remplit au moins avec une fermeté et une persévérance qui ne se démentirent pas une seule minute, au milieu d’insurmontables difficultés, sous la menace des plus extrêmes périls. Jamais bercail n’eut à sa tête sentinelle plus vigilante ni plus incorruptible. Des théologiens de valeur ont critiqué l’intransigeance de ses opinions en morale, plusieurs des décisions et des mesures qui arrêtèrent le retour des assermentés et l’union dans l’oubli commun ; plus vivement encore ils blâmèrent sa résistance significative à la promesse de fidélité ; moins louables et moins sages aussi, bien que, dans sa pensée, la restauration religieuse ait été liée au retour des princes légitimes, furent ses agissements politiques et ses relations trop avérées avec les conspirateurs de Beyreuth. Toutefois ces griefs fussent-ils indiscutables, ils n’auront qu’une importance secondaire ; l’œuvre se défend par ses résultats et l’ouvrier se recommande par le dévouement, plein d’abnégation et si mal payé, qu’il consacra à la soutenir au prix de sa liberté et de son repos.

À l’heure où le premier Consul, le vainqueur de Marengo, rend les églises au culte, les prêtres à leur ministère, le peuple à ses paroisses, grâce aux précautions et à l’initiative de l’abbé Linsolas et de ses infatigables auxiliaires, le cardinal Fesch a sous la main des cadres composés d’irréprochables collaborateurs, des séminaires en exercice, un budget augmenté par des dons volontaires, des communautés prêtes à ressaisir leur habit et leurs règles. Ces avantages et ces réserves permirent à Lyon de gagner une avance de dix années au moins sur les autres métropoles de France.

Le XIXe siècle, que nous avons vu finir en proie au plus violent anticléricalisme parlementaire et démagogique, avait cependant élevé plus de clochers que la Terreur n’en avait abattus. Il ramena les vieux ordres monastiques dans