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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/291

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franciscains de la guillotière, dits picpus

Citons l’attestation datée du 13 janvier 1626, d’A. Belet, chirurgien major de la cavalerie du roi, portant qu’il a fait présent aux Pères Sébastien et François d’un morceau du véritable bois du chêne dans lequel l’image miraculeuse de Notre-Dame de Montaigu a été trouvée ; ce même jour un acte semblable, certifie qu’André Monrouval, commissaire de Sa Majesté, a donné aux religieux une parcelle provenant du chêne sous lequel l’image miraculeuse de Notre-Dame de Foi, au pays de Liège, a été trouvée.

Pendant les xviie et xviiie siècles, on voit les Franciscains acheter des biens, échanger des objets de culte avec d’autres communautés, instituer des cérémonies populaires, se réjouir des faveurs célestes survenues dans leur chapelle. Parfois, dans le registre, se glissent de brèves mentions des événements publics : le 10 novembre 1628, par exemple, les religieux font vœu d’aller en procession à la chapelle Saint-Roch hors l’enceinte de Lyon, d’y offrir deux cierges d’une livre chacun, d’y célébrer les saints mystères, de chanter les litanies tous les jours, une année durant, dans la chapelle de la Sainte-Vierge en leur église, s’il plaît à Dieu de faire cesser le fléau de la peste. Au xviiie siècle, le nombre des religieux s’était augmenté grâce à leur apostolat et leurs ressources. Le recensement visé par les députés au bureau diocésain de Lyon, relève : vingt prêtres, dix jeunes frères clercs étudiants, et dix frères lais ; il évalue les revenus nets à 2.465 livres. En 1746, les Pères Irénée Quetti, gardien, et Régis Roche, procureur, déclaraient la totalité des biens du couvent à Messieurs de la chambre du clergé ; ils jouissaient de rentes rachetées en espèces sonnantes, de revenus rachetés en billets de banque, d’autres enfin subsistants sans altération : le principal des rentes sonnantes montait à 28.683 livres.

La Révolution interrompit l’aisance matérielle et la prospérité spirituelle. Le 7 mai 1790, à huit heures du matin, le maire de la Guillotière se transporta au monastère, en exécution des décrets de l’Assemblée nationale, et sur la réquisition de François Allard, procureur de la commune. Assisté de son secrétaire greffier Louis Vaudrey, il fit comparaître les Frères en personne, « pour leur rendre leur liberté s’ils la voulaient. » Aucun des six profès que renfermait alors la maison ne voulut cette liberté. C’étaient les Pères Alexis Teraillon, appelé en religion Basile, visiteur, âgé d’environ soixante-deux ans ; le P. Bassy, dit frère Adrien, gardien, âgé de cinquante ans ; le P. Joseph Colombat, dit frère Amédée, vicaire, soixante-et-onze ans ; François Salvan, dit frère Athanase, procureur, quarante-et-un ans ; Antoine Ducreux, surnommé Marc Antoine, cinquante-deux ans ; Jacques Delorme, dit frère Norbert, soixante-dix-huit ans. Un frère lai, Jean Bergognon, dit Aman, âgé de soixante-quatorze ans, résista lui aussi à cette offre. Le magistrat municipal commença l’inventaire. Il ne trouva dans la sacristie que neuf chasubles communes, deux croix dont l’une de cuivre, et deux calices d’argent. La bibliothèque, quoique formée de près de cinq mille volumes, n’excita que son dédain, car il n’y avait ni manuscrits, ni livres précieux, ni aucun ouvrage nouveau. C’était là pourtant que travaillait Henri Marchand, dit le Père Grégoire, auteur d’ouvrages géographiques de mérite et de deux globes terrestre et céleste admirés encore aujourd’hui à la bibliothèque de Lyon. La pharmacie sembla mieux garnie au maire, qui se retira après avoir reconnu que la