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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/298

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histoire des églises et chapelles de lyon

Les fonts baptismaux se composent d’une belle cuve de marbre blanc. Contre la muraille, une artiste, Mlle Nantar, a peint en fresque un ange tenant par la main un enfant. Signalons les deux bénitiers, l’un orné de sculptures en forme d’ornements géométriques ; le second qui fut une cuve baptismale. C’est un bijou archéologique fort apprécié, datant du xie siècle et même plus ancien, d’après certains auteurs. Il fut apporté de la chapelle Saint-Alban par l’architecte Crépet. Cette cuve contient, dit Steyert, des sculptures, d’une composition très heureuse comme allégorie, et comme arrangement artistique, malgré la barbarie du dessin. Les sculptures représentent le néophyte dans la cuve baptismale étranglant, Hercule chrétien, le serpent infernal, tandis que d’autre monstres l’entourent, enlacés contre la vasque ; l’un darde sur lui sa langue venimeuse ; l’autre tient la fatale pomme de l’arbre de la science du bien et du mal.

Enfin, contre le mur du fond, une inscription de marbre noir rappelle les noms et les travaux des sept derniers curés : MM. Midor, 1803-1808, revient de l’exil et rétablit la paroisse qu’il avait dirigée avant la Révolution ; Allégret, 1808-1815, neveu, vicaire et successeur du précédent ; Gruffat, 1815-1818, qui fut autrefois religieux ; Neyrat, 1818-1819, qui commença l’agrandissement de l’église continuée par Noailly, 1819-1861 ; Chapuy, 1801-1881 ; enfin, Courdioux, 1883-1898, qui répara et restaura splendidement l’édifice.


SAINT-POTHIN

Il est inexplicable que saint Pothin ait attendu une église à son nom, dans notre ville, jusqu’au premier tiers du xixe siècle, et qu’alors seulement les Lyonnais aient réparé l’oubli dans lequel leurs ancêtres avaient semblé tenir leur premier évêque. Le lieu même où fut érigée cette tardive paroisse, en fui d’autant mieux choisi, que les Brotteaux, portion notable du nouveau Lyon de la rive gauche, se développaient constamment.

Ce fut dans le quartier Paphos, nom bien singulier, que le conseil archiépiscopal décidait, en 1826, la fondation d’un nouveau temple, où revivraient, après seize siècles écoulés, le souvenir de celui que Lyon honore comme le premier évêque des Gaules, saint Pothin, disciple de saint Polycarpe lui-même fils spirituel de saint Jean, l’apôtre bien-aimé de Jésus. Auparavant, dès le 2 mai 1825, le conseil municipal de la Guillotière avait émis le vœu qu’une paroisse fût créée aux Brotteaux. La demande, ayant été agréée, le 21 juin 1826, Mgr de Pins, administrateur du diocèse, chargea de cette fondation l’abbé Devienne, vicaire de Saint-Louis de la Guillotière. La commission des hospices civils de Lyon s’offrit à céder le terrain nécessaire. Comme l’on ne pouvait construire de suite une église, on célébra provisoirement la messe, le dimanche, dans la maison Fayolle, à l’angle de la rue de Sèze n° 2, et de la rue Madame, aujourd’hui rue Pierre-Corneille, n° 1. Ces débuts modestes rappelaient bien la condition des chrétiens primitifs de Lugdunum et de leur apôtre.