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récollets

aux trois cent treize esclaves chrétiens récemment rachetés, et qui doivent passer au plus tôt dans cette ville, des témoignages de l’intérêt qu’ils prennent aux misères et cruauté qu’ils ont éprouvées dans leur captivité ». Il serait trop long d’analyser ici le dossier de cette affaire qui fit grand bruit à l’époque.

Nous manquons de renseignements sur la chapelle des religieux, mais un document des archives du Rhône donne une description détaillée de leurs possessions en 1618. En voici quelques extraits : « Les R. P. Trinitaires possèdent de la directe de l’archidiaconé, un tènement consistant premièrement en un bas servant de serre pour les orangers, sur lequel est partie de l’église, à l’orient du bas, une cour close de murailles, et dont la partie septentrionale est couverte ; plus, à l’orient de la cour, partie d’un pavillon ou corridor, et à l’orient du pavillon, une serve d’eau, et partie d’un jardin et allée en treillage de vigne, le tout joint et contigu de la contenue de 3.060 pieds quarrés, situé en cette ville dans la rue tendante de la fontaine de Gourguillon, ou de la place de la Trinité à la rue de Luco ou à la boucherie Saint-Georges. Reconnue au profit de la directe de l’archidiaconé par dame Louise de Langes, femme de Balthasar de Villars, le 18 décembre 1618. »

RÉCOLLETS

On sait quelles interminables querelles les frères Mineurs Récollets soutinrent contre les frères Mineurs des diverses réformes observantes et contre les Observants proprement dits pour tirer à eux l’origine de l’ordre, c’est-à-dire pour se prétendre issus de la stricte pratique de la première règle franciscaine qui, dès le xive siècle, aurait été réduite à de rares communautés dispersées et presque invisibles sous beaucoup de noms variés et que saint Pierre d’Alcantara aurait retrouvée, recueillie et transmise intégralement et purement à ses disciples qu’il aurait appelés recueillis, Recollecti, bien plus pour cette raison que pour leur signifier qu’ils devaient se retirer, se ramasser hors des relâchés. À la distance des siècles, où se dépensa beaucoup d’encre, ces polémiques semblent puériles : elles n’en étaient pas moins sérieuses en ce qu’elles suscitaient des recherches historiques intéressantes et stimulaient des diversités de zèle très respectables dans le partage du merveilleux et simple idéal proposé au monde par le patriarche d’Assise.

Les Récollets de Lyon, quoique tenus en suspicion ou en jalousie longtemps encore après leur arrivée, par les Observants, autant et plus que par les Conventuels dits Grands Cordeliers, ne s’attardèrent pas trop au soin de leur naissance spirituelle. Ils se montrèrent, dès leurs difficiles débuts, mortifiés et laborieux, attachés à la prière chorale et à la stricte vie de pauvreté, fondements de la perfection franciscaine. Peu à peu ils déracinèrent les préjugés et les ressentiments et acquirent l’estime et l’affection de leurs confrères en saint François, et notamment des derniers Franciscains, enfants nouveaux venus dans