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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/77

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saint-bruno des chartreux

en arrière du grand arc doubleau sous le dôme, par un arc se développant en corne de vache et s’évasant du côté du chœur. L’architecte qui est chargé de ce travail lui donnera son nom, mais il est dit qu’il l’exécutera sur les dessins de Delamonce. Les buttes de l’arc Munet amènent la suppression d’une chapelle haute, située au-dessus de la chapelle actuelle du Crucifix, autrefois chapelle Saint-Antoine, et encore chapelle Mallo, du nom d’un échevin bienfaiteur du couvent ; on dut aussi pour cela combler le caveau existant sous le chœur des Frères et transporter ailleurs les corps qui y reposaient, entre autres ceux de Pierre Austrein, seigneur de Jarnosse (1617), de Jean Yon (1640), de Bernardin de Bastero et de sa femme Jeanne Simonet (1686).

Bas-relief dans la trompe du dôme.

Le dôme, la partie vraiment monumentale de l’édifice, est l’objet des soins particuliers de Delamonce. Ce sera son œuvre personnelle dans une œuvre qu’il a prise déjà faite aux deux tiers. Les pierres de Seyssel fournissent les tailles des vitraux, les pierres de Villebois celles de la corniche extérieure ; la forêt de Poletins, en Bresse, propriété d’un ancien couvent de Chartreusines, et dont les revenus avaient été affectés à la maison de Lyon, donne les bois de la charpente. Jacques Beraud, scieur de long d’Usson en Auvergne, abat et équarrit 126 chênes, grands et petits, sur lesquels on réserve 408 pieds de plateaux et 56 douzaines de planches de moindre épaisseur pour les stalles du chœur. Le prix fait de l’artisan qui doit dorer « à huit couches d’or fin en feuilles de gros livret » la boule terminale du dôme de 26 pouces de diamètre est de 1736 ; le compte du serrurier qui a fait la croix en fer ouvragé qui la surmonte est de 1737 : tout indique donc que, dans cette dernière année, le signe de la rédemption domina enfin un édifice commencé depuis cent cinquante ans, et que l’œuvre de Delamonce, dépouillée de ses échafaudages, dessina sur le ciel de Lyon ses lignes correctes et harmonieuses.

En même temps on avait commencé les travaux et l’ornementation de l’intérieur. Deux maîtres plâtriers de Lyon prennent, au prix fait de 4.000 fr., l’exécution de tous les dessins donnés par Delamonce, pour moulures, bordures, architraves, triglyphes et métopes, roses et saints-esprits, ces derniers ornements devant être conformes, quoique en plâtre, à ceux qui avaient été anciennement taillés en pierre dans toute la partie droite de la nef ; de même ils feront l’enduit du berceau de la voûte et des voussures, les têtes des chérubins, les seize festons de fleurs et autres ornements de goût à confier au plus habile sculpteur de la ville. Les détails de l’ornementation rappellent la fondation royale et le nom de chartreuse du Lys-Saint-Esprit.

Un morceau capital de cette décoration intérieure était le baldaquin ou ciborium qui