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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/89

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les frères prêcheurs

À la fin de cette même année 1244, le Souverain Pontife fuyant les menaces de l’empereur Frédéric arrivait à Lyon ; le 26 juin suivant, il y ouvrait la première session du Concile œcuménique convoqué par lui. L’étude de la part prise par les Frères Prêcheurs aux délibérations de cette assemblée sortirait du cadre de notre étude, il suffit d’y noter la présence des plus notables d’entre eux : à côté de Jean le Teutonique, ancien évêque de Bosnie et maître général de l’ordre, on y voyait Hugues de Saint-Cher alors cardinal du titre de Sainte-Sabine, Humbert de Romans, provincial de France, Raymond de Felgar, évêque de Toulouse, David Mackelly, archevêque de Cashel, Étienne, archevêque de Torrès, Grégoire, évêque de Fano, Hugolin, évêque de Rimini, et Pierre Centelès, évêque de Barcelone.

Pietà dans l’église actuelle des Dominicains.

Innocent IV séjourna six ans et demi dans notre ville. Avant de la quitter et au commencement de 1251, il procéda en personne, de concert avec plusieurs cardinaux et au milieu d’un immense concours de prélats, de prêtres et de fidèles, à la consécration solennelle de l’église alors achevée. Puis le 31 mars, il confirma à nouveau, par deux bulles, l’accord intervenu entre les Frères Prêcheurs et l’abbaye d’Ainay au sujet des tènements de Feurs.

Les historiens placent sous cette même date la sépulture en l’église des Jacobins, — les Prêcheurs avaient reçu cette appellation populaire du nom de leur couvent Saint-Jacques à Paris — de Guillaume, cardinal évêque de la Sabine. La petite chronique de l’ordre rapporte, au sujet de son décès, l’une de ces légendes si curieuses dont pullulent les récits du moyen âge : « Sous le bienheureux Jean le Teutonique, pendant le séjour de la cour à Lyon, deux cardinaux furent ensevelis chez les frères : le seigneur Odon de Porto, son intime ami, et le seigneur Guillaume de Sabine, grand ami de l’ordre et du bienheureux Dominique qu’il avait connu familièrement dès l’origine à la cour du pape. Après la sépulture du premier chez les frères et, comme on parlait déjà de partir pour Gênes, l’autre rêva une nuit qu’il cherchait de tous côtés un hôtel dans cette ville. Et voilà que le premier lui apparaît en disant : « Seigneur Guillaume ! ne vous inquiétez pas de votre logement à Gênes, vous habiterez ici avec moi ». Le lendemain, lui-même raconta ce rêve au pape et aux cardinaux : à peu de jours de là, il tomba malade, mourut et fut enseveli près de son ami dans l’église des frères. Or, quelques jours avant, lors de la consécration de l’église, à cette même place, il devait bénir une croix : en faisant l’onction d’après le cérémonial, au lieu de : « Que cette église soit consacrée », il avait dit : Que ce tombeau soit consacré. Et son tombeau se trouve au-dessous de celle croix ».

On sait que soixante-dix ans plus tard le couvent des Jacobins servit de résidence aux cardinaux appelés à donner un successeur à Clément V ; on connaît aussi les détails de